Crème de marrons des Cévennes

Au coeur des Cévennes, dans le hameau en bout de route des Abrits sur la commune de Saint-Frézal de Ventalon, vivent Danielle et Joseph Iaquinta. Danielle est la soeur de mon père et Joseph -dit Jo- son mari. Ils habitent dans la maison familiale, celle où mes grands-parents Yvette et René ont élevé leurs 9 enfants et ont travaillé la terre dans ce paysage aussi magnifique que rude. Aujourd’hui encore la plupart de mes oncles et tantes vivent dans ces belles Cévennes où la vie est heureusement plus douce qu’autrefois.

La renaissance de la châtaigneraie

Il y a une bonne quinzaine d’années, Danielle et Jo ont décidé de remettre en état une des châtaigneraies autrefois exploitées. Petit à petit et avec le soutien d’une partie de la famille, ils ont redonné vie aux arbres délaissés pendant des années, nettoyé les parcelles prises par les broussailles, réhabilité les accès et remonté les murs en pierre sèche abîmés par les pluies cévenoles (et les sangliers).

La châtaigneraie avec les filets de récolte

Châtaignes des Cévennes

 

La crème de marrons

Un minuscule bout de montagne cévenole est sorti de son état sauvage et s’est mis à produire de délicieuses châtaignes récoltées à l’aide d’immenses filets dès que l’automne arrive. Quelques tonnes d’un fruit savoureux et nourrissant qui fait le plaisir des gastronomes. Danielle et Jo ont alors décidé d’en faire une délicieuse crème de marron. Si les ingrédients sont connus puisque indiqués sur l’étiquette, le reste de la recette est tenu secret que ce soit sur les proportions ou les étapes pour arriver à un équilibre parfait entre le sucre et la châtaigne, très parfumé et à la texture onctueuse.

Quand on transforme plusieurs tonnes de châtaignes, une fois les placards de la famille et des amis remplis, il faut arriver à vendre les pots restants pour continuer à entretenir la châtaigneraie et payer cette transformation difficilement réalisable à la maison dans ces quantités. Les châtaignes commencent par être triées pour ne garder que les plus nobles, puis l’on se débarrasse des deux enveloppes du fruit avant de passer à la recette elle-même.

Une question d’étiquette

Joseph et son fils Guillaume imaginent alors une première étiquette pour habiller les pots de leur confiture de châtaignes. Je n’ai plus de trace de cette première création, mais elle se différencie peu de celles d’autres producteurs locaux qui sont invariablement dans un style, disons, réalisé avec les moyens du bord. Il y en a des réussis qui collent bien avec le côté artisanal du produit, mais sur le rayon d’une boutique, ils ont tous un petit air de famille. Celle imaginée comporte une typo sortie tout droit de Word avec une photo de bogue de châtaigne en illustration, en plus des mentions obligatoires.

Dans le domaine de la crème de marrons, on peut distinguer cinq écoles graphiques et positionnements :

  • Le rétro avec l’emballage comme il y a 150 ans,
  • L’artisanal avec la caution « fait à la maison »,
  • Le luxe dans un style épuré avec des typos bien choisies,
  • Le bio, avec ses codes propres (si c’est trop beau c’est suspect),
  • Le « has been », catégorie dans laquelle le packaging n’est pas assez vieux pour être rétro.

Dans le cas de la crème de marrons de Danielle et Jo, l’étiquette n’a jamais été un point bloquant pour arriver à vendre la production. Tout d’abord il faut le répéter, leur recette est très appréciée. Quand le produit est bon et bien fait, c’est toujours plus simple. Ensuite Jo est quelqu’un de sympathique, avec le contact facile, toujours un sourire et un petit mot pour détendre l’atmosphère. Enfin, la production reste limitée à ce que peut produire la châtaigneraie.

Crème de marrons des Cévennes

Changement de packaging

Il faudra plusieurs mois pour que Danielle, Jo et Guillaume se laissent convaincre pour faire évoluer le packaging en travaillant dans plusieurs sens :

  • Ancrer le produit dans un territoire et une histoire : le choix de l’âne comme emblème. L’âne, c’est à la fois l’image du mulet de la famille, dit Coco, qui servait au grand-père pour porter les charges lourdes et remonter bois, châtaignes et sacs divers. C’est aussi l’image de Modestine avec qui Robert Louis Stevenson (l’auteur de l’Île aux trésors) traversa les Cévennes, ce qui donna son « Voyage avec un âne dans les Cévennes »,
  • Différencier le produit en rayon : le choix des couleurs, fond vert pomme et âne fushia, fait que la crème de marron de Danielle et Jo ressort immédiatement en attirant l’oeil et en créant de la curiosité. Si les couleurs captent le regard, le reste de la composition est peu chargé avec des éléments bien distincts faciles à lire et à comprendre en quelques secondes. La mise en page soignée occulte sans doute un peu le côté artisanal, mais rassure quant à la maîtrise du produit,
  • Mettre en valeur le côté familial : à côté des ingrédients, il est fait mention que les châtaignes viennent de la châtaigneraie familiale, tout comme la recette. C’est un fait rassurant qui se cumule à l’image sympathique de l’âne.

La création a été assez rapide avec un âne et différents éléments (châtaignes, fleurs) achetés sur des banques d’images en vectoriel, puis assemblés pour donner l’étiquette finale. Le travail a été complété avec une affichette à poser ou accrocher en magasin, ainsi que la déclinaison graphique pour les documents administratifs, comme le courrier et les factures.

L'étiquette finale de la crème de marrons

Je crois qu’aujourd’hui Danielle et Jo sont convaincus de ce changement intervenu pour la récolte 2011. Ils se sont approprié cette étiquette aux couleurs pimpantes avec cet âne rose qui fait beaucoup parler. Si vous souhaitez déguster leur crème de marrons des Cévennes, la liste de leurs revendeurs est sur leur site web www.cevennes-chataignes.com qui a été réalisé par Guillaume, mais ça c’est une autre histoire…

Participez à la conversation ! 6 commentaires

  1. Bravo et merci pour ces explications.
    En attendant de disserter de quelle famille vient le mulet
    Cévennes ou Calabre ….
    De beaux attrapades de verbe en perspective…
    Antoine

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  2. Super crème de marrons ! Super commentaires ! Tout ça est délicieux et très instructif. De cette manière on en apprend un peu (beaucoup) plus sur l’histoire de cette fameuse crème de marrons et de son étiquette. Merci pour toutes ces infos et encore bravo à tous.

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  3. Où peut-on acheter cette délicieuse crème ? Peut on la commander

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  4. L’élaboration du contenant est à la hauteur de celle de son contenu … plaisirs du goût et de l’histoire révélée !
    Merci de nous faire partager votre attachement et votre passion pour cet emblème de nos Cévennes.
    Cordialement,
    NV

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  5. Délicieuse crème de marron ,c’est un régal ,je vais en commander.

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